UN SIGNE PAR LE PARFUM

Par Yves Linès

Les signes sont la manifestation évidente de la compassion Divine, ils nous sont envoyés pour nous donner aussi la vision de l’espérance. Nos êtres chers depuis l’ Au-Delà nous gratifient de ces messages, de tout leur Amour ils établissent une communication par tous les canaux qui leur est possible d’utiliser. Les odeurs en sont un entre bien d’autres dont ils profitent pour se faire reconnaître, pour signaler leur présence, un peu comme une empreinte.

Je me souviens d’une nuit magnifique vers les trois heures du matin alors que je quittais les bureaux de la Mairie où je travaille, et où, pour des raisons professionnelles j’étais venu épauler un collègue qui assurait une permanence nocturne, repartir à pied pour regagner mon domicile proche du centre de Toulouse où se situe géographiquement l’Hôtel de Ville. Faute de transports urbains à cette heure tardive bien sûr, je marchais dans la rue principale, absolument déserte, lorsqu’en passant au niveau de la devanture d’un magasin de vêtements, je sentis omniprésent le parfum favori de maman. Très vite mon mental et mon rationalisme enregistrèrent, après s’en être d’abord enquis, le fait notable de ma seule présence dans cette grande artère, où aucune personne ne me précédait sur le trottoir, ni même n’avait pu me doubler ou me croiser, et qui aurait été susceptible de porter ce même parfum, dont l’essence évanescente aurait flotté dans l’air. Emporté par l’élan de la marche, je dépassais le magasin et constatais dans le même temps que l’effluve s’évanouissait. Je stoppais net et revins sur mes pas, la fragrance encore une fois venait me chatouiller délicieusement les narines. Je fis plusieurs fois l’expérience de m’éloigner de ce commerce, et l’odeur en faisait autant, puis d’y revenir, et le parfum se faisait sentir à nouveau..

C’est alors, qu’en un premier temps, je réalisais que si cette manifestation avait lieu à cet endroit précis ce n’était point non plus le fait de cet hypothétique hasard. Cette boutique était en rapport, si je puis dire, avec une époque particulière de ma jeunesse, celle où dans mes caprices d’émancipation liés à mes vingt ans j’avais voulu louer un studio plein centre ville, mais qui me faisait revenir chaque week-end dans le giron maternel. Pour ce faire je devais utiliser un moyen de transport dont l’aire d’arrêt se situait juste face à la devanture de ce magasin de vêtements. Mais de surcroît, et beaucoup plus troublant, l’odeur du parfum se faisait insistante à un point précis d’une des deux vitrines, à l’emplacement même où sur le verre était gravée l’inscription : « Yves Saint Laurent », indiquant par ce patronyme que l’établissement était dépositaire de la célèbre marque. C’était sur ce détail que résidait la perfection du signe qui m’était envoyé, puisque l’appellation du parfum préféré que portait maman ici, et que je sentais à cet instant était précisément : « Rive Gauche » signé par le même couturier ; et n’y avait-il pas aussi un troisième clin d’œil par ce complément apporté sur le prénom d’Yves qui est également le mien.

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Il convient de saisir toute la sublime beauté, comme l’importance primordiale des signes qui nous sont dispensés. Ils sont semblables à des perches tendues pour nous arracher aux sables mouvants du désespoir. Ils sont comme les lueurs de l’aurore qui dissipent les brumes de la nuit ; ou encore des fils de tendresse tissés par ceux qui nous ont précédés sur le canevas de leur amour.

L’aide que nous dispense l’ Au-Delà ne se restreint pas qu’aux signes accordés sur le chemin du deuil, ils peuvent être donnés aussi comme soutien, comme encouragement ou encore comme espoir dans toutes les circonstances de notre quotidien. Il ne faut surtout pas oublier de remercier pour ces Grâces qui nous sont dispensées, et il convient cependant aussi de les considérer avec discernement pour ne pas basculer dans l’extrême, qui ferait tout prendre pour des interventions de l’Invisible.