Mathieu MEILLEUR nous raconte sa bouleversante histoire d’ Expérience aux Frontières de la Mort qu’il a vécu après un dramatique accident sur la voie publique.

Plongé dans un coma profond, il lui fut permis d’accéder à une autre dimension ; celle où tous les êtres chers, que nous avons pu croire morts, nous attendent plus vivants que jamais, dans le même Amour qui nous unissait sur terre.Mathieu-MEILLEUR

Le récit de ma N.D.E. par Mathieu MEILLEUR

Le 9 Octobre 1996, comme tous les matins depuis le 18 mars de la même année, je pars à pieds aux environs de 7 h 35 avec un ami vers le collège Jean Moulin où nous suivons une formation pour adultes d’Agents de Prévention de Sécurité. Un diplôme qui, à l’issue d’une formation de huit mois me sera utile si je ne réussis pas à intégrer la gendarmerie dans sa spécialité maritime.

Il fait encore jour à cette heure et à cette époque de l’année. Nous voilà donc partis vers notre lieu de formation pour lequel il nous faut environ 20 minutes de marche. Sur le trajet, nous traversons toujours le boulevard Jean Moulin sur le pont de Beylies-Basses situé à peu près au milieu de celui-ci. Le pont étant légèrement plus haut que le reste du boulevard, nous voyons bien ce qui arrive par la gauche et par la droite. Mais ce matin d’octobre restera à jamais différent des autres matins de ma vie. Une vie qui a basculée à la seconde même où une voiture sortie de je ne sais où, roulant à bien plus de 50 km/h et arrivant par la droite nous a fauchés alors que nous allions atteindre le trottoir… J’ai pris la voiture de plein fouet.

La première image qui me revient est le lieu de l’accident vu de haut. Je flotte au-dessus du pont sur lequel la voiture m’a fauché. Je suis à une altitude d’environ 50 mètres. J’aperçois des véhicules rouges, des gyrophares et beaucoup d’animation ! Puis, sans aucune transition, je me retrouve dans une sorte de couloir cylindrique d’environ 2,50 m de diamètre. C’est un couloir sombre constitué de pavés qui paraissent polis, un peu comme dans certains quartiers de vieilles villes. Les pavés semblent humides parce que la lumière les fait briller. La lumière, elle, vient de l’extrémité du couloir. Face à moi, à une distance difficilement estimable, une lumière d’une pureté, d’une blancheur et d’un rayonnement indescriptible avec des mots humains, me fait front. Une lumière qui malgré la clarté qu’elle dégage ne m’éblouit pas. Je m’avance vers cette blancheur apaisante, rassurante et presque humaine sans aucune crainte, aucune question, aucune envie de regarder en arrière. Mais la distance entre elle et moi ne semble pas diminuer jusqu’à ce que, d’un coup, sans aucune explication ou transition, je sois amené à atteindre et franchir cette paroi lumineuse…et là… un paysage encore une fois difficilement descriptible tellement les adjectifs qualificatifs me manquent. De l’herbe verte s’étend sur environ 50 mètres devant moi. L’herbe est parsemée de petites fleurs. Sur ma gauche, il y a un dénivelé avec dans le fond une cascade qui ressemble étrangement à celle qu’il y avait dans la maison de campagne d’un de mes oncles chez lequel je passais mes vacances quand j’étais plus jeune. Un oiseau passe au-dessus de moi et un lapin me double par la gauche avant de se retourner vers moi. Il se redresse et m’observe quelques secondes. L’oiseau et le lapin se dirigent vers une étrange butte de terre couverte d’herbe. Je ne vois absolument pas ce qu’il y a derrière ce petit relief. Je ne perçois aucun son. Une rangée d’arbres se dresse sur le sommet de la butte.

C’est à ce moment là que la chose la plus fantastique qui soit s’est produite : ma tante Claudie, disparue en 1990, apparaît devant moi. Elle est vêtue de blanc et se rapproche de moi sans marcher. Elle semble flotter au-dessus du sol. Puis, arrivée face à moi, m’adresse la parole, bien que ce ne soit pas le terme approprié. En effet, elle ne me parle pas. Je l’entends, mais ses lèvres ne bougent pas. Elle m’interdit d’aller plus loin, me laisse regarder autour de moi, ne m’en dit pas plus sur l’endroit où je suis et me demande de faire demi-tour, ce que je ne fais pas tout de suite.

La sensation de bien être étant tellement intense, je ne pense plus aux personnes de ma famille. Elle m’explique alors que Sandrine (me petite amie de l’époque) m’attend derrière. Je dois reconnaître que sans cette motivation, je n’aurais certainement pas osé le demi-tour.

Soudain un jeune homme sorti de je ne sais où apparaît à la gauche de ma tante. Je ne l’ai jamais vu mais je sais qui il est. Je le connais sous le nom de Tony. C’est l’ex petit ami de Sandrine qui s’est tué 2 ans avant notre rencontre je crois. Il est immobile et n’a pas prononcé un mot.

J’exécute alors les conseils de Claudie en faisant un demi-tour sur moi-même…

Nous sommes début Décembre 1996, je suis sorti du coma depuis un peu plus d’un mois. Après une longue phase de coma profond, j’ai connu une période d’éveil transitoire. Je suis au CHU Esquirol de Limoges. Le retour à la « vie » est dur. Je ne sais pas où je suis et je ne sais pas si mes vingt et une années de vie ont été rêvées ou réellement vécues. Ma famille, à mes côtés depuis le début, me raconte pour la énième fois ce qui m’est arrivé. L’amnésie post-traumatique m’a coupé de mes souvenirs. On me répète un bilan qui reste maintenant imprimé dans ma mémoire : Traumatisme crânien grave avec coma profond / œdème cérébral / hémorragie intra-ventriculaire / fracture complexe du cotyle droit / fracture du plateau tibial droit. J’ai appris à comprendre des tas de mots scientifiques.

D’autres images assez intrigantes me restent en tête depuis ma sortie du coma, mais je ne saurais pas dire si cela s’est passé avant ou après ma traversée du « tunnel ». Je me souviens m’être assis sur mon lit dans le service de réanimation après mon réveil et les images correspondaient effectivement à la réalité. Etrange, pour quelqu’un resté allongé un mois dans le coma… J’ai aussi le souvenir de bruits autour de moi. Je me rappelle surtout d’une voix : celle d’Olivier, mon cousin, le fils de ma tante Claudie rencontrée pendant mon « voyage ». Parmi toutes les voix entendues autour de moi, c’est celle qui m’a le plus marqué.

Par la suite, lors de ma première ou deuxième sortie de l’hôpital pour le Week-End, j’ai pu vérifier sur une photo qu’avait Sandrine dans ses papiers, que c’était bien Tony que j’avais vu à côté de ma tante Claudie, et je n’explique toujours pas comment j’ai pu reconnaître le visage d’un homme que je n’avais jamais rencontré.

Aujourd’hui, la vie n’a désormais plus le même sens pour moi. J’ai appris à profiter et à apprécier chaque moment. Je me suis détaché de tout ce qui est matériel. Mon plus grand plaisir est de pouvoir apporter du bonheur autour de moi. J’ai besoin de me tourner vers les autres. Je suis heureux quand je me lève et quand je me couche. Beaucoup de gens ne me comprennent pas, mais il en est ainsi !

Voilà l’essentiel de cet évènement qui a changé mon existence.

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